Merci à Marie-Pierre Noguès-Ledru pour être venue au séminaire Leadership Féminin 1 en juillet dernier et pour en avoir tiré la substantifique moëlle pour son article dans le magazine Mobilité, supplément de l'Express d'octobre 2007.
Reportage stage « Leadership au féminin »
Mercredi 4 juillet, 9h15. Nous nous mettons autour de Chine Lanzmann, coach et formatrice. Son accueil, simple et chaleureux, et la profusion de viennoiseries mettent d’emblée les dix participantes à l’aise et de bonne humeur.
Nous prenons place dans les canapés ou sur des chaises. Ici, pas de table qui rappelle les salles de réunions. Chine nous souhaite la bienvenue et nous propose un premier exercice en guise de présentation : par groupe de deux, l’une se présente à sa « coéquipière » chargée de restituer au groupe, en 1 minute, ses propos. « Parlez de vous, de vos valeurs, de ce qui vous fait du bien dans la vie », suggère Chine. Très vite, les paires se forment et les participantes se livrent. Beaucoup viennent chercher dans la formation un soutien ou des clés pour bien orienter le début de leur carrière professionnelle, comme Hélène, 28 ans, et Caroline, 25 ans, ou trouver une voie plus conforme à leurs aspirations profondes, comme Isabelle, 46 ans, et Marie, 41 ans, qui ont toutes deux un beau parcours derrière elles. D’emblée, les partages sont authentiques et profonds. Le « paraître », ici, n’a pas lieu d’être. Chacune est là pour progresser et trouver des réponses à des questions essentielles. Chine est au diapason des participantes. Elle évoque son parcours, ses difficultés. « Bien souvent, les moments de blocage dans la vie professionnelle surviennent parce qu’on n’ose pas faire des demandes, remarque-t-elle. Et c’est une caractéristique commune à la plupart des femmes. Nous allons découvrir ensemble une méthode et des outils pour apprendre à s’affirmer, en respectant les autres. »
Après la pause, Chine nous propose un premier exercice de projection : Imaginez que vous êtes au top dans le métier de vos rêves. Le premier moment de pudeur passé, chacune se lâche. Nous rions beaucoup, l’exercice fait du bien au moral ! Au-delà des projets individuels (Marie souhaite racheter une entreprise, Isabelle créer un business avec l’Inde, Corinne travailler à Londres), toutes évoquent des envies d’épanouissement, de stimulation, de créativité. « Avez-vous remarqué que vous parlez toute de la même chose : développer pleinement votre potentiel ?, demande Chine. C’est cela le leadership. »
Le deuxième exercice nous prend toutes au dépourvu. Imaginez que vous êtes un homme. Comment vous y prenez vous pour réaliser ce projet que vous venez d’évoquer ? « Il s’agit d’aller contacter la part masculine en soi, explique Chine devant nos mines perplexes. Car l’homme, lui, a la permission de réussir et sait très bien comment s’y prendre. » Les résultats sont incroyables. Isabelle évoque un voyage d’études en Inde pour démarrer son activité, une idée « soufflée » par son Vincent intérieur : elle ne l’avait pas eue avant. Charles, lui, sait très bien qu’il est faut sortir pour développer son réseau, alors que Sabine reste derrière son ordinateur, ce qui l’empêche de progresser. « Il est vraiment là, ton Charles, tu le sens ? » demande Chine. Sabine acquièse, elle est boostée par l’exercice.
14h30 : nous reprenons autour d’un travail sur les croyances. « Nous avons toutes des croyances qui déterminent notre vision du monde. Elle nous apportent beaucoup, mais peuvent aussi nous bloquer à certains moments », décrit Chine. Nous sommes invitées à travailler chacune sur l’une des 5 croyances de base : Sois parfaite, sois forte, dépêche toi, fais plaisir, fais un effort. Par paire, nous cherchons ce que cette injonction nous a aidée à faire, là où elle nous dessert et comment nous pourrions la transformer pour progresser. Corinne et Laure ont choisi « Sois forte », source pour elles de solidité, de maîtrise de soi, et d’indépendance, mais qui les gêne pour demander de l’aide, exprimer leurs émotions et accepter leurs faiblesses. Elles la transforment en « force intérieure et acceptation de soi ». Isabelle et moi travaillons le Sois parfaite, mais je me retrouve un peu dans les cinq croyances… « Avoir conscience de notre comportement nous permet de le rééquilibrer, remarque Chine. Si on reste dans ces croyances, on n’est plus dans le leadership mais dans l’épuisement. »
Après la pause, Chine nous propose de regarder une situation où nous avons reçu une critique mal digérée et de regarder cette critique sous 4 aspects : Contre moi, contre l’autre, avec moi et avec l’autre. Le but est de dépasser la première réaction pour exprimer mes émotions profondes, ce qui me permettra de mettre à jour mes besoins non comblés dans cette situation (autoempathie), « Même si les besoins ne sont pas satisfaits, le simple fait de les reconnaître apporte un soulagement », explique Chine, qui nous propose une démonstration en « live » : elle a reçu pendant la pause un coup de fil qui l’a énervée ! 18h : la journée s’achève sur un bilan partagé. Nous sommes toutes touchées par la proximité des problématiques individuelles et apprécions les cas concrets.
Jeudi 5 juillet, 9h30. Munies de nos tasses, nous choisissons, sur les conseils de Chine, des places différentes de la veille. Après un exercice de centrage pour nous connecter à nous-mêmes, nous reprenons l’exercice de la veille. Laure, avocate, accepte de partager la critique « Tu n’es pas assez impliquée » formulée par son associé. Elle comprend que celui-ci a besoin d’être rassuré. Et qu’elle-même doit apprendre à plus montrer ce qu’elle fait. « C’est mal élevé de se vanter ! », lance-t-elle. « Se mettre en valeur, c’est-à-dire exprimer ses compétences et ses qualités avec des faits, ne signifie pas se vanter », corrige Chine. Laure, comme la plupart d’entre nous, n’a pas dépassé le « sois sage et tais toi » de son enfance… Les situations difficiles évoquées sont finalement révélatrices de nos besoins profonds, pour peu que nous creusions un peu.
L’après-midi démarre avec le flash news, un petit exercice pour nous apprendre à communiquer tous les jours des bonnes nouvelles à notre entourage. « C’est important de sortir de la plainte », souligne Chine. Plus long, le rendez-vous avec soi-même est une invitation à prendre du temps pour soi, une fois par semaine, en regardant ce que j’ai fait de bien et quels besoins ont été comblés. « Vous y trouverez de l’énergie positive et cela vous aidera à faire des choix plus justes, pointe la formatrice. Beaucoup, par besoin de sécurité, ne font pas ce qui leur plaît. Pourtant, négliger ses besoins les plus importants génère stress, fatigue et parfois dépression », avertit-elle. La remarque résonne chez Magali « J’ai toujours voulu monter une entreprise, je l’ai fait et je me plains tout le temps », s’étonne-t-elle. Chine l’invite à venir au milieu de la pièce, où elle a déposé des feuilles : jugement, observation, sentiment, besoin, demande, sur le sol. En parlant, Magali se déplace d’une case à l’autre. A l’aide des questions de Chine, Magali réalise que ce rêve d’entreprenariat n’était pas le sien, mais celui de son père. Une prise de conscience douloureuse, qui suscite beaucoup d’empathie parmi nous. Rosalie confie qu’elle a vécu la même chose. « Même si c’est déstabilisant au début, c’est génial de reprendre le chemin de sa vie. Vas-y ! », l’encourage-t-elle. « La prise de conscience est l’étape la plus difficile, confirme Chine. C’est un chemin passionnant, et il y a une grande liberté à la clé ».
L’émotion s’est apaisée, nous passons à l’apprentissage du « non ». « Nous n’osons pas dire non pour ne pas blesser l’autre, remarque Chine. Pourtant, dire non, c’est dire oui à nos besoins. Les exprimer à l’autre avec authenticité lui permettra d’accepter plus aisément notre refus. » Nous vérifions cela dans des jeux de rôle : par deux, l’une fait une demande que l’autre refuse. Très vite, le dialogue s’engage dans les paires qui arrivent vite à un compromis satisfaisant pour chacune. « Bravo, vous êtes dans la relation win/win », se réjouit Chine.
La journée s’achève. Chine conclut en rappelant les différents points vus pendant la formation, qui méritent d’être approfondis pour une pratique plus fluide. « Ces outils développeront votre leadership. Ils vous permettront de vous affirmer et d’entendre l’autre. D’être dans la puissance, pas dans l’autorité. »
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